10 avril 2010

Sourires de loup - Zadie SMITH




Le livre

Titre original : White teeth
Date de parution : 2000 (chez Hamish Hamilton)
Traduction française par Claude Demanuelli
pour les Editions Gallimard / Folio
735 pages

Le sujet

Angleterre. 1974. Archie (l'anglais) et Samad (le Bengali), deux amis qui avaient moins de 20 ans lors de la dernière Guerre mondiale se sont voués à une amitié indéfectible. Revenus en Angleterre, ils y fondent chacun une famille dans un pays en proie à des doutes d'ordre social, religieux, etc... qui atteignent les leurs.

Le verbe
"C'est vrai qu'on m'a mariée à Samad Iqbal le soir même du jour où je l'ai rencontré pour la première fois. C'est vrai que je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Mais il ne me déplaisait pas. On s'est rencontrés dans la salle du petit déjeuner d'un hôtel de Delhi, un jour où il faisait une chaleur épouvantable, et il m'a éventée avec le Times. J'ai trouvé qu'il avait un visage sympatique, une voix douce et un joli p'tit derrière pour un homme de son âge. Bon. Maintenant, chaque fois que je découvre quelque chose sur son compte, je l'apprécie un peu moins. Donc, tu vois, tout compte fait, on était nettement mieux avant..." (p.118)
Mon complément
Si vous avez le courage de vous attaquer à un bloc de plus de 700 pages (je l'ai eu !) vous serez forcément (j'en répondrai !) comblés par cet abus de volonté et par cette incroyable histoire, qui pourrait être vraie (je le pense dans la mesure où un auteur porte toujours un peu de lui-même ou de ses connaissances dans un livre tel que celui-ci).

Une pure merveille d'humour, de gravité, de réalisme et qui nous tient en éveil, grâce à un concentré peu orthodoxe : satire des situations, cocasserie des personnages qui restent tout de même très attachants, même les plus répréhensibles.

J'ai admiré la façon de raconter cette histoire, du plus profond de ce que je suis et ce en quoi j'ai l'honneur de croire : pour tout dire, je compare Zadie Smith à un descendant littéraire hybride entre Céline et John Irving, c'est dire ! Car j'ai rerouvé dans les accents de ce roman ceux qui m'avaient plu (pour ne pas dire ébloui) dans Voyage au bout de la nuit et dans Une prière pour Owen. Bien entendu, cette perception n'engage que moi, qui ne suis rien d'autre qu'une lectrice.

Le roman est divisé en 4 partie égales qui vont développer les personnages et les instants du choix dans une savante chronique à la "count-down" (on y remonte le temps).

Archie (le plieur de papiers), Clara (son épouse jamaïcaine qui a perdu très tôt ses dents), Irié (leur fille un peu en surcharge pondérale), Samad (le serveur indien musulman), Alsana (son épouse incroyante), Magid (le bon) et Millat (le truand) les jumeaux que l'on va séparer à l'âge de 9 ans (l'un retourne vivre en Inde pour y bénéficier d'une bonne éducation), des Chalfen (la famille dans laquelle les deux autres familles vont devoir subir l'influence)... Et ce n'est là qu'un aperçu des multiples ressources que suggère une telle abondance d'origines, de croyances, de folies : les déchirures de l'immigration et les contusions des générations enfantées qui doivent avancer entre les volutes des rêves enflammés de leurs parents et les cendres retombées sur le chemin.

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