
paru sous le titre The Turn of the Screw
nouvelle de 142 pages
en édition Librio à 2 €
Le sujet
Une histoire dans l'histoire : lors d'une veillée de Noël, un homme raconte une horrible histoire de possession sur deux enfants, un frère et sa soeur, par les deux anciens domestiques du domaine, le valet du maître et la gouvernante. Cette histoire lui a été transmise via le journal de la seconde gouvernante des enfants qui relate les évènements.
Le verbeMon complémentJe ne pouvais continuer qu'en faisant confiance à la "nature", en considérant que ma monstrueuse épreuve était certes une incursion dans une direction inhabituelle et déplaisante, mais exigeait seulement, après tout, pour y faire front, de donner un tour d'écrou supplémentaire aux vertus humaines. (p.141)
J'ai pris ce livre parce qu'il était mince et pas cher, et pour la promesse de lire une histoire "fantastique". J'ai bien sûr, commencé par lire la préface de Jean Pavans, le traducteur qui offre quelques clefs de l'ambiance. Bon, disons le tout net, ce livre ne fait absolument pas peur, ni de près ni de loin. Certes, il y a les deux fantômes qui semblent vouloir approcher les enfants, on ne sait pas très bien pourquoi, ni pourquoi les enfants semblent intéressés par ces fantômes-là : ils semblent même apprécier leur présence, sans qu'il soit jamais mentionné ce qu'ils font ensemble. Seule leur gouvernante, la narratrice, semble voir les fantômes d'ailleurs : d'abord de loin, puis de plus en plus près. Elle envisage de mettre les enfants hors de danger en les mettant hors d'atteinte : elle fait partir la petite fille du domaine de Bly et garde le garçon avec elle, avec pour but de lui faire avouer qu'il y a bien un fantôme : on a l'impression qu'elle sera sauvée (de la folie ?) au moment où le garçon avouera que le fantôme existe bien. Il semblerait que le but recherché par l'auteur ait été de laisser planer le doute sur la réalité de l'histoire, avec force suggestion. Du coup, j'avoue avoir même imaginé que le fantôme était cette pauvre gouvernante était elle-même.
Mais nous sommes loin des effets portés par les nouvelles de Le Fanu ; j'avoue donc avoir été déçue par celle-ci, malgré un style dense, alambiqué, qui fourmille de mille détails et impressions. Un style reconnu, certes, je note cependant quelques redites désagréables :
Je l'ai vu s'approcher à l'extérieur de la fenêtre, et puis j'ai compris qu'il appliquait contre la vitre, pour darder son regard dans la pièce, son visage blanc de damné. (p.148)Car, de nouveau, contre la vitre, comme pour mettre un terme à sa confession et empêcher sa réponse, apparaissait le hideux responsable de notre malheur - avec son visage blanc de damné. (p.153)
Pour finir, il y a une seule chose de bizarre dans cette histoire : l'oncle des enfants. A t'on idée d'embaucher une gouvernante et de lui donner une seule obligation au sujet des enfants : ne le déranger sous aucun prétexte ? Voilà la seule chose étrange de ce livre.
Relirai-je cet auteur ?
Certainement ! Je ne veux pas rester sur une déception d'un auteur mondialement connu et encensé. J'ose croire que ses autres histoires se terminent au moins, ce qui n'est pas le cas de cette nouvelle qui s'achève...non je ne peux pas le dire ! Si je le peux, car je regrette que la fin ne se replie pas dans le salon de lecture où commence l'histoire : un homme était censé raconter devant une assemblée effrayée le récit épouvantable de l'histoire (vraie ?) arrivée à deux enfants. Or la dernière page du tour d'écrou est celle du journal de la gouvernante. A croire que la livraison de cette nouvelle était vraiment urgente. Dommage.