Il y a un mois à quelques jours près, ce carnet a eu 10 ans.
Commencé le 2 octobre 2004, je n'ai jamais cessé d'y écrire, d'y revenir, d'y apporter ma touche personnelle, de lui modifier son cadre, son adresse, sa ligne éditoriale. Bref, ce fut un blog en mouvement, un navire gonflé et robuste comme le charbonnier de James Cook, capable d'emporter le nécessaire sur de longues distances pour ne pas mourir, capable de se ravitailler en cours de route. Si j'ai moins de temps à y consacrer, ce n'est pas faute d'y songer, chaque jour il pourrait y avoir une petite notice ici même, une trace des conversations ou petites tragi-comédies auxquelles je suis soumise quasi quotidiennement. Non, ce qui empêche cela, c'est que 24 heures ne suffisent pas à mes jours : absente de chez moi entre 6 h et 19 h 30, je n'ai absolument aucune minute pour recopier ici mes petites notices. J'essaye de tenir à jour autant que possible ma
biblio-revue, et aussi mon
carnet du cinéma, parce que le format des billets y est plus simple et plus formel, plus facile. Je me rattrape beaucoup en fin de semaine. Le reste du temps et consacré à la famille, aux amis, à ma correspondance privée qui sont prioritaires.
J'ai vu disparaître les uns après les autres certains compagnons du voyage, je ne mentionnerai sciemment que la première "
Fuli" (Fuligineuse, Elisabeth) côtoyée pratiquement 10 ans qui a fermé son blog en mai dernier.
J'ai aimé mes premières années d'écriture, elles avaient quelque chose de passionnant, d'électrisant, de magique. Ce sentiment a disparu. Il a fait place à une sensation plus pragmatique, plus égoïste aussi. J'ai aimé écrire de la fiction, ce fut une sorte de drogue. J'ai passé énormément de temps à administrer une plateforme de créations littéraires, à en gérer le forum, jusqu'à l'usure. De cette époque il ne me reste personne dans les "amis" : c'est dire que les choses de ce côté là sont superficielles. On me disait : que tu écris bien etc...cela me faisait plaisir, certainement, mais je savais aussi que ce n'était pas mon métier, que je ne pouvais en vivre. Je me suis détachée, volontairement, comme un homme à la mer parvient à couper avec ses dents la corde qui le relie à une forme de survie mais aussi à une forme d'esclavage gelé.
Ce carnet continue. Au rythme incertain d'une embarcation qui reste discrète mais résistante. Je garde la tête hors de l'eau.