
305 pages
Le sujet
L'auteur fut un cancre. Il fut "sauvé" de son état de paria par des hommes et des femmes qui aimaient leur métier : l'enseignement. A son tour, devenu enseignant, il rédige ce livre afin de démontrer que, si tant de choses semblent fatales, rien n'est jamais perdu d'avance.
Le verbe
Mon complémentUn vieux monsieur d'une distinction désuète, qui avait donc repéré en moi le narrateur. Il s'était dit que, dysorthographique ou pas, il fallait m'attaquer par le récit si l'on voulait avoir une chance de m'ouvrir au travail scolaire. J'écrivis ce roman avec enthousiasme. J'en corrigeais scrupuleusement chaque mot à l'aide du dictionnaire (qui, de ce jour, ne me quitte plus), et je livrais mes chapitres avec la ponctualité d'un feuilletoniste professionnel. J'imagine que ce devait être un récit fort triste, très influencé que j'étais alors par Thomas Hardy, dont les romans vont de malentendu en catastrophe et de catastrophe en tragédie irréparable, ce qui ravissait mon goût du fatum : rien à faire dès le départ, c'est bien mon avis.Je ne crois pas avoir fait de progrès substantiel en quoi que ce soit cette année-là mais, pour la première fois de ma scolarité, un professeur me donnait un statut ; j'existais scolairement aux yeux de quelqu'un, comme un individu qui avait une ligne à suivre, et qui tenait le coup dans la durée. Reconnaissance éperdue pour mon bienfaiteur, évidemment, et quoiqu'il fût assez distant, le vieux monsieur devint le confident de mes lectures secrètes.
- Alors, que lit-on, Pennacchioni, en ce moment ?
Car il y avait la lecture.
Je ne savais pas, alors, qu'elle me sauverait.
J'ai acheté ce livre pour ma fille, 10 ans, en CM2. Pas pour qu'elle le lise, enfin pas tout de suite je suppose, mais pour moi, pour comprendre ce qu'il y a dans sa tête. Car ma fille, elle n'est pas loin d'être ce cancre : travail scolaire fluctuant, résultats en dent de scie, mauvaise volonté, ou plutôt, volonté de ne rien faire. Pourtant, elle aime l'école, mais pas les devoirs...et pas du tout la lecture (mangas exceptés). D'accord, elle est dyslexique, mais cela n'explique pas ce manque d'envie. Et je me sens démunie, pour ne pas dire impuissante. Je ne peux tout de même pas faire ses devoirs à sa place, même si l'envie me démange ! Je suis capable de l'aider dans toutes les matières, et pourtant cela bloque. Ce matin, devoir de français, un texte sur les douze travaux d'Hercule. Nous avons fait la lecture, ensemble, elle a commencé, j'ai terminé. Elle a bien aimé mon interprétation d'Hercule poursuivant la biche aux cornes d'or et aux sabots d'airain. Il faut dire que je vivais la scène, que j'y mettais l'intonation, les roulements d'oeil, le souffle. Lecture théâtrale, j'aurais pu être actrice, tragédienne ou comique. Ou les deux. Pourtant, que c'est difficile de n'avoir pas peur de son avenir !
Je pensais trouver dans ce livre des pistes. Il y en a bien sûr, mais j'ai tout de même l'impression que ce livre est une sorte de témoignage pour les professeurs. Ce que je ne suis pas. J'aurais pu, cela m'aurait plu, mais je n'ai pas su choisir entre la filière littéraire et la scientifique. Je suis persuadée que les professeurs successives de ma fille font leur métier, ce que je regrette (et ce qui m'empêche de dormir parfois tellement je ne vois pas d'issue), c'est qu'elles voudraient que je fasse le leur : multitudes de devoirs écrits le soir pour le lendemain, élève démotivée, fille fatiguée, maman énervée. Du coup, je délègue les devoirs à la nounou, il parait que c'est mieux. Le soir, vers 20 heures, je "contrôle", et me retiens de corriger... Il parait qu'ils le font en classe le lendemain.
Daniel Pennac a eu de la chance, il a croisé de belles âmes sincères et aimant leur métier. Je voudrais être cette chance pour ma fille. Je ne sais pas trop comment m'y prendre. Je m'informe, je tente de me rassurer, pour la rassurer, elle.
J'ai donc lu ce livre avec une belle envie, beaucoup d'amusement à certains passages, Pennac est très fort pour raconter, je dois le dire. Avec un style agréable et reposant. Un véritable délassement de lecture, alternant de longues phrases et de courts chapitres.
J'ai particulièrement apprécié les raisons que le cancre invoque pour expliquer son devoir non rendu.
Il a utilisé deux fois de suite un adjectif peu usité : superlatif qui faisait une impression "bizarre" dans le texte, comme un rajout. Après avoir vérifié leur signification, je dormirai moins bête ce soir.
Un mot sur le dernier paragraphe : le vol des hirondelles à travers la chambre, c'est un moment qui donne le frisson, une belle image pour achever ce parcours de raison.
Je pensais trouver dans ce livre des pistes. Il y en a bien sûr, mais j'ai tout de même l'impression que ce livre est une sorte de témoignage pour les professeurs. Ce que je ne suis pas. J'aurais pu, cela m'aurait plu, mais je n'ai pas su choisir entre la filière littéraire et la scientifique. Je suis persuadée que les professeurs successives de ma fille font leur métier, ce que je regrette (et ce qui m'empêche de dormir parfois tellement je ne vois pas d'issue), c'est qu'elles voudraient que je fasse le leur : multitudes de devoirs écrits le soir pour le lendemain, élève démotivée, fille fatiguée, maman énervée. Du coup, je délègue les devoirs à la nounou, il parait que c'est mieux. Le soir, vers 20 heures, je "contrôle", et me retiens de corriger... Il parait qu'ils le font en classe le lendemain.
Daniel Pennac a eu de la chance, il a croisé de belles âmes sincères et aimant leur métier. Je voudrais être cette chance pour ma fille. Je ne sais pas trop comment m'y prendre. Je m'informe, je tente de me rassurer, pour la rassurer, elle.
J'ai donc lu ce livre avec une belle envie, beaucoup d'amusement à certains passages, Pennac est très fort pour raconter, je dois le dire. Avec un style agréable et reposant. Un véritable délassement de lecture, alternant de longues phrases et de courts chapitres.
J'ai particulièrement apprécié les raisons que le cancre invoque pour expliquer son devoir non rendu.
"Monsieur, j'ai consacré hier deux heures à ne pas faire votre devoir. Non, non, je n'ai pas fait autre chose, je me suis assis à la table de travail, j'ai sorti mon cahier de texte, j'ai lu l'énoncé et, pendant deux heures, je me suis retrouvé dans un état de sidération mathématique, une paralysie mentale dont je ne suis sorti qu'en entendant ma mère m'appeler pour passer à table. Vous le voyez, je n'ai pas fait votre devoir, mais j'y ai bel et bien consacré ces deux heures. Après le dîner il était trop tard, une nouvelle séance de catalepsie m'attendait : mon exercice d'anglais."Petite contrariété : Daniel Pennac n'oublie pas d'être le "prof", ce que le fait passer pour un pédant, ce qui m'a légèrement agacée : il nous a sorti deux mots que je n'avais jamais lu : sabir et sybarite.
Il a utilisé deux fois de suite un adjectif peu usité : superlatif qui faisait une impression "bizarre" dans le texte, comme un rajout. Après avoir vérifié leur signification, je dormirai moins bête ce soir.
Un mot sur le dernier paragraphe : le vol des hirondelles à travers la chambre, c'est un moment qui donne le frisson, une belle image pour achever ce parcours de raison.