Quelques mots jetés avant de me coucher, espérons qu'ils ne seront pas trop obscurs, mais allons, arrangeons-nous avec et l'esprit retournera à Morphée enfin. J'ai l'impression, mais je peux me tromper, que la plupart, j'ai bien dit la plupart des "bloggeurs"-quel vilain substantif, attend, espère, qu'une fois son billet écrit, il faut OBLIGATOIREMENT beaucoup beaucoup de commentaires pour être heureux. Je dis NON à ce harcèlement, NON à ces affiches dans la marge qui invoquent "mon blog se nourrit de commentaires", c'est tout bonnement affreux. Ceux qui me lisent depuis le début (2004) le savent, je n'ai jamais demandé une telle servitude, et j'ai même souvent publié en fermant les commentaires. Je viens de lire un article édifiant (avec hyperliens à suivre car il faut tout lire) de François Bon qui a étudié la chose, j'avoue ne pas avoir le temps à consacrer pour une telle démonstration mais j'admets qu'elle tient la route, et en plus je la suis cette route. Alors de grâce, écrivez pour VOUS faire plaisir, montrez des photos pour VOUS faire honneur, n'attendez pas la floppée des hagards de la petite fenêtre VOUS fermer les yeux de contentement après qu'ils vous aient pondu glorieusement un "j'aime", blabla, ou pire, un commentaire complétement hors sujet alors que VOUS êtes joignables normalement par mail si l'on veut vraiment échanger ou prendre de VRAIES nouvelles et pas rameuter la blogsphère parce que ça fait 3 mois que VOUS n'avez rien écrit - VOUS avez bien le droit après tout.
23 décembre 2010
19 décembre 2010
La collection invisible
Il a fallu que je me sépare de quelques lettres, quarante années de cartes et feuilles reçues dans l’angoisse parfois, souvent dans la joie. Mon enfant chérie disait ma mère, ma petite poupette, des surnoms qui jaillissent comme un souffle à la fontaine de ma conscience. Je n'ai pas pu tout garder, à quoi bon ? J'ai découpé les beaux timbres pour les amateurs, et pour le reste... je n'ai gardé que quelques courriers par hasard ou par tendresse peut-être.
Et tous les courriers de mes rares disparus soudain se rejoignent dans la même danse silencieuse, collection invisible que l'on peut emporter partout avec soi.

Suggestion
Se connaît-on soi-même aussi bien que l’on suppose connaître les autres ? Je me le demande toujours quand on me suggère que je devrais plus penser à moi, à faire ce qui me plaît, vivre pour moi, pour une fois. J'ai pourtant l'impression de vivre pour moi, mais au fond, quand le sommeil reprend le dessus, que mon autre moi me montre un chemin à peine reconnaissable, je comprends que je suis peut-être trompée par mes sens, que l'endroit est peut-être à l'envers mais cela m'est égal, car je ne sais pas et je n'ai pas envie de me retrouver sans personne à servir.
18 décembre 2010
A la poste
A la poste. L’écran affiche que le numéro 30 est attendu au guichet 3. J’ai le 54. J’ignore combien de temps je vais patienter avant de pouvoir expédier mes colis. J’ai laissé les enfants à la maison et à part l’inquiétude qu’ils pourraient se chamailler, rien ne me dérange. La salle est climatisée, je suis assise, la femme à côté de moi sent bon l’eau de Cologne ou le déodorant de supermarché, cette odeur me rassure et me réconforte, elle m’enveloppe dans une grande quiétude. Je me souviens de ma Marraine, qui, à chaque fois que l’on faisait les courses, s’aspergeait d’eau de toilette, n’importe laquelle mais fleurie, parce que, disait-elle, c’était gratuit. Peut-être avait-elle tout simplement transpiré, elle avait souvent chaud et était en nage, en suée comme elle disait. Moi, j’avais honte, j’avais en fait peur qu’on nous fasse une remontrance. J’étais jeune et craintive. Me voilà, j’attends mon tour sur ma chaise en bois. La femme à côté de moi sent la laque, est-ce la même dame ? Je ne sais pas. Marraine aussi se vaporisait un casque de laque sur les cheveux qu’elle avait soyeux et blonds, de l’Elnett je crois. Tous ces souvenirs sont loins et pourtant les sensations sont bien là, intactes, je les palpe, sur moi et en dedans de moi. J'attends avec un livre, toujours. Aujourd'hui c'est Jim Harrison, la route du retour, je pourrais attendre toute la journée, dans le fleurissement de mes souvenirs et l'ombre des absents de cette saison qui n'existe que pour moi.
08 décembre 2010
Emma de Ducos - Catherine RÉGENT
Le livre
- Emma de Ducos
- 2003
- Les éditions du Cagou
- 80 pages
Le sujet
Paris, 1871, Emma, 11 ans, subit l'épreuve de voir son père emporté dans la tourmente de La Commune, son père bien aimé est condamné à être déporté en Nouvelle-Calédonie. Sa mère réussit à obtenir de le rejoindre avec sa fille, c'est ainsi qu'Emma se retrouve à Ducos au terme d'une longue traversée durant laquelle elle fait la connaissance de Louise Michel.
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la Commune 1871 |
Le verbe
Nous faisons connaissance avec notre nouveau logement composé d'herbes sèches et de branchages. Une pièce unique fait office de maison. Ici point de cloison ni d'ouvertures inutiles. Au sol, un tapis de paille en guise de matelas fait l'affaire pour le lit des parents. Plus loin dans l'obscurité, un hamac suspendu me servira de couchage. Aucun rangement n'est prévu, pas même une cuisine. Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée profonde pour Maman. Comment vivra-t-elle dans ce gourbi, elle qui aime tant récurer, frotter, cirer. Le coup est rude. (p 46)Mon complément
Découverte via ce roman jeunesse du destin des familles des déportés, qui, comme l'indique l'auteur, n'avait aucune chance de revenir en France (volonté politique de peupler la Nouvelle-Calédonie par des prisonniers politiques, entre autres).
Un style de qualité, des références à d'autres auteurs : Victor Hugo ou Gustave Maroteau. On croise l'ombre, plutôt sympatique bien que non dénuée de culpabilité, de Louise Michel dont je souhaite connaître plus de détails après cette lecture.


Un style de qualité, des références à d'autres auteurs : Victor Hugo ou Gustave Maroteau. On croise l'ombre, plutôt sympatique bien que non dénuée de culpabilité, de Louise Michel dont je souhaite connaître plus de détails après cette lecture.

Ce n'est pas une fréquentation pour toi, ma petite, cette femme a du sang sur les mains plus que toute autre.

Lien externe
Sommeil - Haruki MURAKAMI
Le livre
- Titre original : Nemuri
- Date de parution : 1990
- Traduction française par : Corinne Atlan
- Editions Belfond
- parution du livre : 2010
- illustrations par Kat Menschik
- 70 pages
Le sujet
Une jeune femme perd le sommeil et continue ses activités diurnes en cachant son état à son mari et à son fils. La nuit, elle se plonge dans la lecture et dans certains souvenirs qui la tourmentent : à quoi reconnaît-on que l'on est mort ou vivant ?
Le verbe
J'hésitai un moment et finalement décidai d'aller nager. Je ne saurais pas bien l'expliquer : c'était comme si je voulais expulser quelque chose de mon corps en faisant de l'exercice. Expulser. Mais expulser quoi ? Je réfléchis un moment. Oui, expluser quoi ?
Je l'ignorais.
Ce quelque chose flottait pourtant doucement à l'intérieur de mon corps, comme une sorte de possiblité. J'aurais voulu lui donner un nom, mais rien ne me venait à l'esprit. J'ai toujours eu du mal à trouver les mots. (p 46)
Voici un deuxième livre (voyageur) reçu sur mon île grâce à Virginie qui me l'a presque déposé dans les mains, sensation étrange (accompagné d'une très jolie carte d'inspiration japonaise, moi qui adore le Japon !).
Je n'imaginais pas à quel point ce livre est beau : couverture rigide, pages glacées, illustrations s'intercalant entre les pages du (court) récit.
Ceci est ma deuxième lecture d'Haruki Murakami et je suis déjà sous le charme de cet auteur. Cette nouvelle m'a rappelé l'univers onirique de Yoko Ogawa, dont j'ai lu toutes les oeuvres. Je suis bien dans cette ambiance, comme dans un liquide amniotique.
Chaque mot semble ciselé avec la précision d'un maître horloger, chaque phrase est cousue avec la finesse d'un tapissier, avec rigueur et beauté, chaque image est imprégnée d'une sorte de lumière qui projette son propre théâtre d'images dans notre mental.
Comme c'est souvent le cas chez Ogawa, l'héroïne n'a pas de nom, les personnages existent à peine esquissés, qui permettent toutes les apparences que le lecteur voudra bien leur donner.
Nous devenons alors cette femme soudain devenue insensible à la fatigue mais réceptive à tout le reste : passé, présent et futur. Sa soudaine faculté de veille lui montre sa vie comme elle était : mécanique, comme elle est : vorace, comme elle sera : inconnue. Nous aimons la voracité de l'inconnu.
Le livre dans le livre

Murakami fait lire Anna Karenine à l'héroïne de son récit, un livre que l'on a, à notre tour, envie de relire !
Liens externes
Chaque mot semble ciselé avec la précision d'un maître horloger, chaque phrase est cousue avec la finesse d'un tapissier, avec rigueur et beauté, chaque image est imprégnée d'une sorte de lumière qui projette son propre théâtre d'images dans notre mental.
Comme c'est souvent le cas chez Ogawa, l'héroïne n'a pas de nom, les personnages existent à peine esquissés, qui permettent toutes les apparences que le lecteur voudra bien leur donner.
Nous devenons alors cette femme soudain devenue insensible à la fatigue mais réceptive à tout le reste : passé, présent et futur. Sa soudaine faculté de veille lui montre sa vie comme elle était : mécanique, comme elle est : vorace, comme elle sera : inconnue. Nous aimons la voracité de l'inconnu.
Le livre dans le livre

Murakami fait lire Anna Karenine à l'héroïne de son récit, un livre que l'on a, à notre tour, envie de relire !
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