26 août 2018

[Feuilleton] Witch's Court - 2017 (Corée du sud)


Résumé

Une équipe de procureurs est chargée des cas de crimes sexuels. Parmi ceux-ci arrive Ma Yi Deum dont la mère fut une victime 20 ans auparavant de Jo Gab Soo, un politicien véreux qui brigue désormais un mandat de maire ; la mère a disparu le jour où elle apportait son témoignage à Min Ji Suk, la procureure qui s'est promis de faire tomber Jo Gab Soo pour les atrocités qu'il a commises sur plusieurs femmes et qui a été acquitté.
Yeo Jin Wuk intègre également l'équipe, récemment procureur après avoir eu une carrière de psychiatre.

Yi Deum et Jin Wuk travaillent dans le même bureau et sont aussi voisins de pallier car elle loue (sans le savoir) l'appartement de Jin Wuk. Mais les deux jeunes procureurs ne s'entendent pas vraiment et ont des personnalités totalement opposées. Les deux font malgré tout équipe pour rétablir la vérité et la justice.

Leur grande affaire sera la longue quête de preuves pour accuser Jo Gab Soo, habitué à soudoyer des hommes politiques ou industriels afin de gagner de plus en plus de pouvoirs. Lorsque Jin Wuk découvre que sa mère est en partie responsable de la "disparition" de la mère de Yi Deum, il se range aux côtés de Yi Deum dont il comprend la détresse et pour laquelle il éprouve une sincère affection au fil du temps.

mon avis

Une très bonne série que j'ai pu regarder en une semaine (l'avantage de regarder un feuilleton déjà fini dont on peut voir tous les épisodes à la suite sans devoir attendre la fin durant des semaines..).

Beaucoup d'émotions (rires, larmes !) mais aussi beaucoup trop de boissons alcoolisées ! mon dieu toutes ses bières bues à même la canette... 
Au final, l'histoire ne traîne pas trop en longueur même si la série aurait pu être raccourcie d'au moins 2 épisodes, et il est agréable de voir à la fin que le "méchant" est rattrapé par son passé et paye pour tous ses crimes.

Le point fort : pas de relation "Aegyo*" entre les deux personnages principaux et tant mieux car je trouve cela insupportable

Le point faible : pas mal d'éléments du scénario "cheveux sur la soupe" avec des informations hasardeuses absolument pas crédibles (carte de visite par terre,  femme empêchée de sortir d'un ascenseur ? etc...)


  • 마녀의 법정
  • réalisateur : Kim Yeong Gyun
  • 16 épisodes d'1h (vus en coréen)
  • acteurs :
    • Jeong Ryeo Won (Ma Yi Deum, procureure)
    • Yun Hyeon Min (Yeo Jin Wuk, procureur)
    • Kim Yeo Jin (Min Ji Suk, leur chef)
    • Jeon Gwang Ryeol (Jo Gab Su, le politicien véreux, ex policier)
    • Jeon Mi Seon (Go Jae Suk, la mère de Jin Wuk)
    • Lee Il Hwa (Gwak Yeong Sil, la mère de Yi Deum)

8/10

*faire des aegyo = faire des gestes ou s’exprimer de façon enfantine à l'âge adulte
-->> faire des coeurs avec ses mains, imiter le petit chat ou le petit lapin...la liste des aegyo est malheureusement longue et pour moi incompatible avec la dignité humaine ;-)

15 août 2018

[Nouvelles] Dernières nouvelles Jim Harrison (2013, 2016)


Résumé

Les œufs (110 pages)

Une jeune femme qui désire plus que tout s'occuper de ses poules et vivre dans sa ferme isolée, ne renonce pas à devenir mère.
Elle voyait la vie comme un tourbillon permanent dans lequel les gens se comportaient affreusement. A quoi bon pardonner les premiers tourbillons ? Elle savait néanmoins que,si sa mère le demandait, elle lui pardonnerait, convaincue qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Le passé survit en chacun de nous. Peu importent les coups reçus, ces blessures ne sont que les déchets informes de la mémoire, si souvent manipulés qu'ils deviennent indolores, à peine vivants. (p.93)

Le-chien (123 pages)

Chien Brun a bien du mal avec Gretchen, son épouse lesbienne et son identité de père. Il est également en quête de son identité véritable qu'il découvre enfin.
Gretchen lui rappelait une chanson qu'il détestait, You can't always get what you want. Cette femme suscitait chez lui une kyrielle d'espoir, mais il se retrouvait toujours les mains vides avec elle. Il ne comprenait pas cette capacité qu'il avait de la désirer et il croyait qu'il ne la comprendrait jamais. Il soupçonnait que c'était ce que tout le monde appelait l'amour, un truc auquel il ne pigeait rien car, e disait-il, il n'avait pas eu de mère dont il pouvait se souvenir. On commence par aimer sa mère et puis on va de l'avant. Il se souvenait d'une vague silhouette dans un chalet surchauffé où il étouffait. Cette forme floue versait de l'eau froide sur lui et il respirait enfin. (p.148)

L'affaire des bouddhas hurleurs (49 pages)

L'aide de l'inspecteur à la retraite Sunderson est requise pour récupéré les enfants d'un magnat embringués dans une secte ; parallèlement à son enquête, il succombe au charme vénéneux d'une gamine de 15 ans.
Bon. Voilà le scoop. J'ai envoyé un chèque de trois mille boules à l'ne de mes filles, Margaret, pour qu'elle se paie des fringues, parce qu'elle avait rien que des A à la fac. Elle a fait encaisser mon chèque par une organisation appelée le Cercle du Ciel et de l'Enfer. J'ai demandé à un vieux pote du département des sports de vérifier tout ça. C'est un groupe de bouddhistes zen dirigé par un maboul californien. Attention : je ne suis pas idiot au point d'ignorer que les bouddhistes zen constituent une confrérie très respectée. Mais ce connard s'est pointé avec sa grande robe noire pour embrigader une tripotée de paumés. Il fait fait hurler comme des singes. (p.255)

mon avis

Une lecture particulièrement dramatique que ce dernier livre de Jim Harrison décédé l'année dernière. Heureusement, il me reste 5 livres à lire, et comme ce sont des livres jusqu'à l'an 2000, je pense que je ne serai pas déçue. En fait, je suis rarement déçue par cet auteur, seulement parfois exaspérée par sa récente habitude de décrire des scènes de sexe entre un homme d'âge très avancé (autour de 70 ans) et de très jeunes filles (15 ans) car cela me met mal à l'aise, et le fait passer pour un auteur pervers : je n'aime pas cela car Jim Harrison est pur moi le plus grand auteur qu'il m'ait été de découvrir (et aimé) de son vivant (l'autre auteur que j'affectionne presque autant est Stefan Zweig mort en 1942, donc bien avant ma naissance).
Chaque nouvelle aborde (comme toujours) les thèmes de la nature, de l'humain, de l'identité, sans oublier les origines scandinaves de certains personnages ou une infirmité.

On retrouve également dans ces 3 nouvelles les personnages de Chien Brun et de Sunderson, dans leur derniers exploits.

Où apparaît Chien Brun (dans les livres que j'ai lus jusqu'à présent) :
1) La femme aux lucioles (1990)
2) L'été où il failli mourir (2005)
3) Les jeux de la nuit (2009)
4) Dernières nouvelles

Où apparaît Sunderson  (dans les livres que j'ai lus jusqu'à présent) :
1) Grand maître (2011)
2) Péchés capitaux (2015)
3) Dernières nouvelles

Je compléterai cet inventaire à la fin de mes lectures


Pour retrouver toute la bibliographie de Jim Harrison : mon site est sur ce lien

  • The ancient ministrel / Brown dog
  • traduction par Brice Matthieussent

05 août 2018

[Roman] Instantanés d'Ambre par Yôko Ogawa (2015)

Titre japonais : Kohaku no matataki

Résumé

De nos jours monsieur Amber, un vieux pensionnaire de ce qui semble être une maison de retraite, est observé par une femme qui connaît son secret.
Quelques années auparavant, une mère voulant échapper à un chien "maléfique" emménage avec ses enfants (deux garçons et une fille) dans une maison entourée d'un haut mur et les oblige à oublier leur identité : pour cela ils choisissent leur nouveau nom dans une encyclopédie : ce sera Opale, Ambre et Agate. Durant des années, ils vivent avec interdiction de sortir du jardin, et, livrés à eux-mêmes, ils se réfugient alors dans leur univers d'occupations, de lectures, de jeux, complètement fantasmagoriques dans lesquels leur soeur morte peut reprendre vie.
La malheureuse enfant de leur mère revivait dans un coin d’encyclopédie où se trouvaient répertoriées toutes les choses du monde.
Un jour, la mère amène un âne chargé de brouter leur herbe :
L’âne, ce drôle de visiteur qui se contentait de brouter en silence, apportait aux enfants un moment de joie intense. Dans leur esprit, l’année se partageait désormais en deux périodes, avant et après le passage de l’âne du chauffagiste. Ces deux périodes étaient reliées par les six jours de l’âne. Il était comparable à un ruban. Leur enfermement dans ce temps monotone n’était pas noué avec une banale cordelette mais avec une jolie faveur.
La mère se rend à son travail et c'est ainsi qu'un jour en son absence, l'un d'eux sort du jardin et fait la connaissance d'un colporteur qui peut leur offrir des merveilles qu'ils n'ont jamais vues. L'harmonie de leur univers clos est rompue et cette fissure va être le début de leur délivrance.

mon avis

J'ai retrouvé dans ce dernier Ogawa les thèmes qu’elle affectionne tant : l'eau (la fontaine, le ruisseau, la neige,...), le pouvoir de l'encyclopédie, les insectes, la pâtisserie, les cavités secrètes... mais l'histoire de cette mère folle et de ses enfants livrés à eux-même la plupart du temps, m'a mise mal à l'aise : j'avais hâte que leur réclusion soit découverte ; le lecteur sait que c'est le cas puisque le roman est divisé en deux narrations : tout d'abord la narration du présent avec la femme qui observe le vieux monsieur Amber dans le milieu hospitalier,
Ceux qui bavardaient au salon après le repas se sont-ils déjà retirés ? Ont disparu le brouhaha des conversations et le son du piano que l’on entendait un moment plus tôt : le vestibule a retrouvé son calme. Même s’il n’y a pas de fenêtres, la présence de la nuit flotte à nos pieds et l’on sait que l’extérieur est plongé dans le noir complet, il n’y a même pas de clair de lune. Tout au bout du vestibule on aperçoit dans la pénombre la porte qui donne accès au pavillon B.
puis celle du passé où les enfants vivent très librement mais sous l'influence néfaste de leur mère qui est complètement "à la masse". Cela m'a fait mal de lire ses enfants abandonnés à eux-même et à leur fantasmes, habillés comme des personnages de théâtre, avec des ailes, avec une couronne... car même s'ils ne semblent pas souffrir de leur état, le lecteur sait que la situation est anormale et que cette expérience va les marquer à jamais.
Ils se mettaient ensuite à courir un peu partout à travers le jardin, cherchant des cigales plus grosses. Rayons de soleil lumineux, nuages balayés par le vent dans les bois de mélèzes, ciel bleu à l’infini. La source qui s’était tarie au cours de l’été était revenue à la vie et le filet d’eau qui coulait des rochers en bordure du mur de briques avait retrouvé sa transparence. Quand réapparut Agate qui s’était frayé un passage entre les racines du mimosa dont les branches qui poussaient en liberté étaient tout enchevêtrées, Ambre laissa échapper un cri. En un instant, le benjamin semblait métamorphosé en une autre créature. — Qu’est-ce qui t’arrive ?
Ogawa, Yôko. Actes Sud Littérature. Édition du Kindle. 

[Roman] Rendez-vous avec le crime par Julia Chapman (2018)


Résumé

Samson O’Brien, un policier, revient dans son village natal du Yorkshire plusieurs années après son départ alors que, jeune homme, il s'était battu. Il constate que la ferme de son père a été rachetée et que celui-ci, un ivrogne repenti, est recasé dans une résidence. Tandis que tout le monde voit son retour d'un mauvais œil, mais il n'a pas le choix car il doit se mettre "au vert" suite à une enquête qui a mal tourné, il envisage de s'installer et d'ouvrir une agence de détective privé.
De son côté, Delilah Metcalfe, est dans une mauvaise passe : son agence de rencontres a du mal à être rentable, le banquier lui donne 6 mois de plus pour que son compte bancaire soit approvisionné ; elle décide donc de louer le rez-de-chaussée de l'immeuble où son propre bureau est installé.
Delilah retrouve Samson, celui qu'elle vénérait lorsqu'elle était plus jeune mais qui a "trahit" le village en s’enfuyant sans rien dire, puisque c'est lui son nouveau locataire. Des hommes sont retrouvés morts, a priori accidentellement, Samson est embauché par le mère de l'un d'eux et commence son enquête. Delilah a tout de suite fait un rapprochement : ils étaient tous clients de son agence de rencontre et elle craint que cette affaire ne lui fasse du tort... Samson ne tarde pas lui non plus a découvrir ce point commun et se retrouve obligé de faire équipe avec Delilah qui lui offre son aide. 

mon avis

J'ai eu envie de lire ce roman, attiré par le côté "polar" et parce que cela se passe en Angleterre, pays qui, pour moi, est immanquablement lié aux enquêtes délectables d'Agatha Christie. Hélas ! quelle déception ! L'histoire commence pourtant bien, mais la suite est fade, le style est pauvre.
J'ai eu la même déception que pour "Mortelles Hébrides" (lire mon avis sur ce lien) !
Aucun style, personnages sans épaisseur, histoire et enchaînement des découvertes très artificiels : on est très loin du talent des vrais auteurs, qui travaillent leurs scènes, la psychologie de leurs personnages et qui savent distiller l'étincelle qui donnera vie à leurs personnages, surtout qu'il y a une suite. Mais pas pour moi.

extrait

Comment peut-on aimer un endroit et en même temps le détester ? Sans être persuadé qu'il existe une réponse à cette question, l'homme arrêta sa moto en haut de Gunnerstang Brow, coupa le contact, enleva son casque et contempla les toits d'ardoise qui pavaient le fond du vallon en contrebas. C'était le milieu de l'après-midi, la lumière rasante du soleil d'octobre embrasait la falaise de craie à laquelle la ville était adossée, et se réverbérait sur des maisons et des rues où il n'avait pas remis les pieds une seule fois en plus de quatorze ans.