Genre : drame fantastique
Année : 2006

Attention ! Je dis tout ce que je pense et ce que j'ai vu, ce que j'ai perçu. J'écris sans analyse profonde, juste l'essentiel de mon ressenti. Ne lisez pas ce billet si vous n'aimez pas connaître la fin des histoires !
Nous sommes en 1944. A la fin de la guerre d'Espagne, les troupes de Franco continuent le combat contre les résistants. La jeune Ofélia (Ivana Baquero), une dizaine d'année, grande amatrice de contes de fées malgré la désapprobation de sa mère qui la trouve trop âgée pour ce genre de lectures, arrive dans son nouveau domaine gouverné par le capitaine Vidal (Sergi Lopez), celui qui est désormais son beau-père suite au remariage de sa mère Carmen (Ariadna Gil).
Durant le voyage, Carmen, en fin de grossesse, se sent mal et demande l'arrêt de la voiture. Ofélia en profite pour s'aventurer un peu sur le chemin, et aperçoit une étrange sauterelle. Le même insecte revient le soir même dans sa chambre. Tandis qu'Ofélia lui demande si elle est une fée, la sauterelle, par un savant jeu d'ombre se transforme effectivement en fée à la grande surprise de la jeune fille (on songe à l'ombre de Peter Pan, à la fée Clochette) et lui fait signe de la suivre dans la forêt toute proche, où subsistent d'étranges vestiges au centre d'un labyrinthe semblant abandonné depuis longtemps.
Durant le voyage, Carmen, en fin de grossesse, se sent mal et demande l'arrêt de la voiture. Ofélia en profite pour s'aventurer un peu sur le chemin, et aperçoit une étrange sauterelle. Le même insecte revient le soir même dans sa chambre. Tandis qu'Ofélia lui demande si elle est une fée, la sauterelle, par un savant jeu d'ombre se transforme effectivement en fée à la grande surprise de la jeune fille (on songe à l'ombre de Peter Pan, à la fée Clochette) et lui fait signe de la suivre dans la forêt toute proche, où subsistent d'étranges vestiges au centre d'un labyrinthe semblant abandonné depuis longtemps.

Dans le labyrinthe d'arbres et de ruines, Ofélia arrive au bord d'une sorte de puits entouré de marches, et tout en criant "Echo" en entendant sa voix (sensation trouble d'un double à venir), fait la connaissance de Pan, le faune (Doug Jones – bien évidemment méconnaissable !) au regard minéral, qui lui annonce de sa voix étrange qu'il la reconnaît, qu'elle est l'âme de la princesse Moana perdue sur la Terre, la fille du roi du monde souterrain, un monde qui ne connait ni la douleur, ni le froid, ni la mort. Moana s'est échappée autrefois, il y a bien longtemps, pour découvrir le monde, et elle en est morte. Son père l'attend depuis tout ce temps. Il a fait construire des passages semblables à celui-ci partout dans le monde pour qu'elle puisse redescendre dans son royaume. Mais avant de pouvoir rejoindre son monde et de retrouver ses parents, Ofélia doit subir et réussir trois épreuves.

L'inquiétant faune lui remet un livre aux pages encore blanches. Au moment où elle sera seule, les pages feront apparaître l'objet de sa première épreuve. C'est isolée dans la salle de bains qu'elle découvre sa première mission.
Elle doit se rendre auprès d'un arbre mort car celui-ci est parasité par la présence d'un immense crapaud. Elle doit ramper sous ses racines, dans la boue et les blattes, et se débarrasser de l'immonde créature qui empêche l'arbre de croître normalement. Enfin, elle doit récupérer la clef qu'il recèle dans son ventre et qu'en mourant, il régurgite.
Elle doit se rendre auprès d'un arbre mort car celui-ci est parasité par la présence d'un immense crapaud. Elle doit ramper sous ses racines, dans la boue et les blattes, et se débarrasser de l'immonde créature qui empêche l'arbre de croître normalement. Enfin, elle doit récupérer la clef qu'il recèle dans son ventre et qu'en mourant, il régurgite.

Parallèlement aux aventures d'Ofélia et tout au long du film, nous suivons la lutte acharnée du capitaine Vidal, avec force violences à vous retourner le cœur (et détourner les yeux). Nous suivons également la présence discrète mais importante de Mercedes (Maribel Verdú) la gouvernante de la maisonnée, qui fourni une aide précieuse aux résistants (vivres, courriers, médicaments…) et qui est également la seule présence amie pour la petite fille dans cette terrifiante maison, en dehors de celle de sa mère, préoccupée par sa grossesse et incapable de la rassurer efficacement.
Pour la deuxième épreuve, Ofélia doit se rendre, grâce à une craie magique qui lui ouvre une porte, dans un autre monde souterrain où, grâce à la clef, elle devra récupérer un poignard niché dans une cache. La cache se situe dans une salle à manger au milieu de laquelle trône une immense table qui présente de somptueux mets, qu'Ofélia a interdiction de manger. La salle à manger souterraine est calquée sur celle du capitaine, qui offre elle aussi une multitude de plats aux yeux des convives, au moment même où le capitaine annonce qu'il vient de décider l'organisation du rationnement qui aura pour effet d'empêcher les villageois d'aider les résistants ; affamés, ceux-ci seront alors obligés de sortir de leur cachette.

Ofélia trouve le poignard, s'en empare, mais en passant le long de la table au bout de laquelle une improbable créature semblant dormir est attablée, elle ne peut s'empêcher de manger deux grains de raisin. Ce geste a pour conséquence de sonner le réveil du monstre dévoreur.

Le monstre, le "Pale Man", voit grâce à des yeux qu'il s'enfonce dans les paumes lorsqu'il se réveille. Tel un effroyable ogre famélique mais vorace, il la prend en chasse. In extremis, Ofélia échappe à son épouvantable poursuivant qui, entre-temps, a attrapé et dévoré deux des trois fées qui l'accompagnaient dans sa mission (on songe au tableau de Goya : "Saturne dévorant un de ses enfants", l'allusion est évidente).

Ofélia remet le poignard au faune. La fin est proche. Carmen accouche dans le sang et la douleur, elle meurt en mettant au monde son fils, gardé dans la chambre de son père, l'affreux capitaine Vidal. Celui-ci ayant découvert la traîtrise de sa gouvernante est sur le point de la torturer, mais se retrouve mutilé quand Mercedes se défend et lui déchire la bouche à l'aide d'une lame cachée dans son tablier, avant de s'enfuir.
Ofélia aborde la dernière épreuve : elle doit amener son petit frère au faune. Dans le labyrinthe, Pan l'informe que l'ultime épreuve consiste à verser dans la mare, dans le reflet de la pleine Lune, le sang d'un innocent, son frère. Ofélia recule devant l'acte et annonce qu'elle préfère renoncer à son royaume. Lancé à sa suite, le capitaine Vidal arrive dans le labyrinthe. Apeurée, désespérée, Ofélia lui rend l'enfant. Vidal récupère son fils, mais, imperturbable de cruauté, tire sur Ofélia qui s'écroule, blessée à mort. C'est la première image du film : le sang coule de son nez, sa main pendouille au-dessus du vide (dès le début, on se doute bien que le film n'a pas une fin classique de conte de fées...). Ce n'est d'ailleurs pas un film pour les enfants. Pas pour les miens en tout cas (9 et 4 ans), du moins, pas pour le moment !
C'est alors qu'Ofélia se transpose dans le monde (supposé) tout en bas du labyrinthe, somptueusement habillée et accueillie par ses parents. Elle reconnaît sa mère, magnifique. Son père lui apprend qu'elle a réussi les 3 épreuves, que la dernière épreuve consistait à éprouver son courage et sa loyauté. Elle est chez elle désormais. Pour toujours. Au dessus d'eux, l'autre Ofélia, l'enveloppe humaine, repose dans les bras d'une Mercedes éplorée (mais Vidal est exécuté).
Mon avis
Devant un tel film, je suis tentée de me cacher les yeux car la souffrance, même supposée quand il s'agit d'un film m'est franchement insupportable (quand je pense au nombre de films d'horreurs que j'ai vu dans ma jeunesse, je me demande si j'avais bien un cœur…).
Heureusement, certaines scènes sont suffisamment intéressantes et utiles à mon imaginaire fantastique pour que je puisse m'en émerveiller. Tout au long du film, j'ai reconnu les thèmes de prédilection de Del Toro : le temps, les monstres, les mécanismes, les insectes, le surréel.
Le temps. Le capitaine Vidal est obnubilé par sa montre et l'exactitude du temps. Il ne veut croire qu'en une chose : l'exactitude, la pureté, la "perfection". Mais il vit dans la fange de l'abjection, il impose sa force et son pouvoir aveugle, et il ne semble avoir aucun sentiment humain, même l'amour, nous nous demandons s'il sait à quoi cela ressemble. Inquiet au sujet du bébé à venir, il demande même au docteur de sauver son fils, tant pis si la mère doit mourir. C'est dire…
Le temps. Le "Pale Mal" est aveugle quand il est immobile. Faut-il comprendre que quand le temps s'arrête, tout est invisible, hors de la perception ? Mais le temps peut-il s'arrêter ?
Le rêve d'un autre monde. Quand Ofélia se retrouve sous l'arbre mort, je songe inévitablement à cette autre petite fille, Alice, engagée dans le terrier du lapin, à mi chemin entre la réalité et le songe. Ofélia est très sensible mais forte de ses croyances inébranlables dans le monde magique. C'est pour moi ce qui la sauvera, du moins son esprit, d'une mort funeste et trop injuste.
Ofélia parle à son petit frère dans le ventre maternel, elle lui promet qu'il sera le prince de son royaume. Finalement, c'est lui qui la rendra aux siens, qui lui donnera cet aller simple pour le royaume de légende, celui qui la comblera de ses désirs.
Et comme dernière image, s'il en fallait une, les yeux (mouillés) du spectateur se (re)posent sur une fleur blanche qui pousse sur l'arbre mort sauvé par Ofélia. Une fleur blanche qui n'a rien à faire sur cette branche. Une fleur imaginaire, bien sûr. Car la petite princesse a laissé des traces de son passage, mais uniquement pour "ceux qui savent où regarder". J'en suis. Car je suis restée une enfant pour qui les choses imaginaires sont ce qu'elles sont : la vérité des rêves. Et à eux, rien n'est impossible.
Pour finir, je vous invite à entrer dans le site officiel du film, vous y entendrez en fond musical, la berceuse d'Ofélia, celle que lui chante Mercedes pour la rassurer :
le site en français
et ici, le site en anglais