22 janvier 2008

Le sixième sens (ABC, 1972)

Encore un collector dans mes souvenirs ! Mais je ne suis pas la seule sur le réseau à partager cette drôle de nostalgie des vieilles séries que j'aimerai revoir (pourquoi pas en DVD ?).



"The Sixth Sens"e est une série télévisée américaine de 1972 avec Gary Collins, sortie en France en 1974 sous le titre "Le Sixième Sens".

Inutile de dire que j'étais "accro" aux épisodes où le Dr Michael Rhodes (Gary Collins), parapsychologue, aidé de son assistante Nancy Murphy (Catherine Ferrar), parvenait à résoudre les crimes étranges, affrontant des phénomènes extra-sensoriels, des preuves de télékinésie, des esprits et des fantômes. Mais le docteur Rhodes n'est pas sans ressources : il possède un sixième sens : celui de deviner l'avenir, de percevoir ce qui va arriver ou ce qui s'est passé ! Je me souviens de certaines images, par exemple cet épisode où un immense balancier, tel un hachoir échappé d'une monstrueuse horloge du temps, menace de couper en deux ce bon docteur.

Sur cette page, la liste de tous les épisodes




Petite, j'aimais beaucoup cet acteur que l'on retrouve dans une autre série "Vivre libre" que j'ai également beaucoup aimé car je m'identifiais totalement à Diana Muldaur.

11 janvier 2008

La patience de l'araignée - Andrea CAMILLERI

La pazienza del ragno
2004, Selliero Editore, Palermo
2006, Editions Fleuve Noir Traduit de l'italien par Serge Quadradruppani

Un livre de ma sélection "défi du nom de la rose"


Le sujet
Les années 2000. Sicile. Le commissaire Salvo Montalbano se remet d'une blessure par balle. Chaque nuit, le claquement du ressort du temps résonne dans sa tête et le réveille, toujours à la même heure : il est trois heures vingt sept minutes et quarante secondes, heure à laquelle on a tiré sur lui.
Convalescent, il est rappellé en service par le questeur pour une affaire de disparition, celle d'une jeune fille qui s'est évaporée sur le chemin de son domicile. Enlèvement ? Qui a intérêt à demander une si grosse rançon alors que la famille est désargentée. La mère de la jeune fille se meurt de chagrin, et telle la peau, se rétrécit à vue d'oeil. Survivra t'elle à l'absence de sa fille qui la veille jour et nuit ? De quoi se meurt-elle ? Montalbano questionne, observe, écoute. Mais quelqu'un ment.
A la fin, grâce à l'observation d'une toile d'araignée apparue dans la nuit, il comprend tout !

Le verbe
Sous la couverture bien tirée, on n'apercevait aucun gonflement de corps humain, manquaient même les deux pointes que forment les pieds quand on est couché sur le dos. Et cette espèce de boule grise oubliée sur le coussin était trop pitchoune, trop petite pour être une tête, peut-être une vieille et grosse poire de clystère qui s'était décolorée. Il avança de deux pas et l'horreur le paralysa. (p.137)
Mon complément
Encore un livre "policier", je sais, mais c'est mon genre préféré ! Cela dit, ce n'est pas un policier comme les autres. Tout d'abord, le style d'écriture est en dehors de sentiers battus. Le traducteur l'annonce en préambule : puisque Camilleri écrit ses livres comme il parle, en utilisant un argot sicilien, il a voulu conserver cet univers en francisant l'argot ce qui donne un ton intimiste au récit. Le résultat peut surpendre.
Lentement, il sentit que son sang n'était plus gelé, qu'il courait de nouveau. Il a réussit à s'asseoir. Mais sur son visage, il devait avoir une sorte d'abasourdissement infini et il ne voulut pas que Livia la voie. (p.177)
Comme d'habitude, je n'ai absolument rien deviné avant le dénouement final. Mais je sais une chose : je veux certainement lire d'autres enquêtes de Salvo Montalbano !

07 janvier 2008

Le carnet rouge - Paul AUSTER

1993, Actes Sud
Traduit de l' américain par Christine Le Bœuf
61 pages

Un livre de ma sélection "défi du nom de la rose"


Le sujet
Ce livre est une mince compilation d'histoires étranges qui lient le hasard et le destin. 13 nouvelles finement ciselées, histoires connues, ou vécues par l'auteur, ou inventées (?) et indiscutablement à la limite de la frontière du possible.

Le verbe
Peut-être est-ce un moyen de me rappeler que je ne sais rien, que le monde dans lequel je vis continuera toujours à m'échapper.
Mon complément
J'ai décidé d'acheter ce petit livre il y a quelques temps sans savoir qu'il était si court, cependant je me réjouis de n'être pas passée à côté de ce fascicule sous ce seul prétexte. Paul Auster s'y dévoile fidèle à l'image que je me dessine de lui, une image qui ressemble à un ami. Mon récit préféré est celui du livre recherché, j'ai ai frissonné et pleuré d'émotion ! Je note aussi que la dernière histoire est celle d'une étrange boucle d'évènements qui illustre l'idée qu'un livre n'est jamais achevé, qu'il poursuit son existence en dehors de l'esprit de son auteur, un thème qui sera largement repris dans son dernier roman Dans le scriptorium.

04 janvier 2008

La boussole d'or (2007)


Réalisateur : Chris Weitz
Genre : fantastique
Année : 2007


L'histoire :

Nous sommes dans un monde parallèle au nôtre. Les humains vivent séparés de leur âme, appelée dæmon, et représentée sous une forme animale.
Lyra Belacqua (Dakota Blue Richards), une jeune orpheline, vit à Jordan College, une sorte de pension universitaire dirigée par les érudits. Son dæmon se nomme Pan, diminutif de Pantalaimon, et change d'apparence, comme les dæmons de tous les enfants car ils suivent le potentiel émotionnel de l'enfant avant de prendre leur forme finale qui correspondra au caractère de l'hôte. Lyra joue souvent avec Roger, un garçon fils de domestique.

La vie est réglée par le Magisterium, sorte de gouvernement autocratique qui interdit la connaissance des autres mondes et a fortiori, le passage entre eux. Le le Magisterium a fait détruire les boussoles d'or, des instruments permettant de réveler les choses cachées, notamment les mondes parallèles. Tous sauf un exemplaire. La dernière boussole est remise par le maître du collège Jordan à Lyra, alors qu'elle est sur le point de partir vers le grand Nord, accompagner une certaine Madame Coulder (Nicole Kidman) qui désire rencontrer les ours blancs, une autre espèce habitant le monde mais ne disposant pas de dæmon...

Un homme Lord Asriel (Daniel Craig), l'oncle de Lyra, défie le pouvoir du Magisterium. Appuyé par les érudits, il monte une expédition vers le Nord où il veut tenter de percer le secret du passage vers un autre monde grâce à la poussière, pas celle qui donne des allergies, celle de la magie.

A part les humains/dæmons et les grands ours, ce monde étrange abrite deux autres espèces : les sorcières (elles volent !) et les gitans (ils naviguent). De nombreux enfants de gitans ont été enlevés et personne ne sait ce qu'ils sont devenus... La rumeur dit qu'ils ont été victimes des "Enfourneurs".

Quand Lyra finit par se rendre compte que Madame Coulder travaille pour le Magisterium, qu'elle est responsable de l'enlèvement des enfants en tombant sur une liste où apparaissent les noms de ses amis et qu'elle tente de s'emparer de sa boussole d'or, elle s'enfuit.
Elle est recueillie par le gitans qui l'emmènent vers le Nord où elle doit retrouver son oncle et tuteur, Lord Asriel, pour l'avertir qu'il est en danger de mort et lui donner la boussole d'or. Dans son périple, elle se fait de nouveaux amis, un ours blanc en armure Jorek, ainsi que les sorcières du lac en la personne de leur reine Serafina Pekkala (la troublante Eva Green).

Mais dans le grand Nord, il y a également un terrible endroit : une sorte de laboratoire secret où sont emmenés les enfants enlevés afin de servir de cobayes pour une opération aussi taboue que dangereuse : l’intercision, une opération qui consiste à séparer l'enfant de son dæmon. Seulement, chaque tentative est un échec et les enfants privés de leur âme deviennent des légumes quand ils ne meurent pas.

Lyra va sortir ceux qui restent de ce guêpier, aidée de son ami Roger qu'elle retrouve en cet endroit de mort.

Et tout ce petit monde finira sauf au terme d'une gigantesque bataille confrontant les gardiens du laboratoire (les méchants, dont les dæmons sont d'horribles chiens d'attaque) aux gitans aidés des sorcières, sans oublier le coup de patte bienvenu et puissant de notre ours Jorek.


Pour finir cette première partie, Lyra, Roger, Jorek, Serafina Pekkala et l'aéronaute Lee Scoresby (Sam Elliott) s'embarquent en direction de Lord Asriel avec pour mission d'empêcher que le Magisterium ne prenne le contrôle sur les autres mondes paralèles. Il va y avoir du pain sur la planche !

Mon avis :
Notons que le film est une adaptation (fidèle semble-t-il) du premier volume de la trilogie de Philip Pullman. Je l'ignore mais je ne tarderai pas à donner mon avis sur ce point dès que je l'aurai lu.
Revenons au film lui-même. C'est évidemment, un film à "grand spectacle" : beauté des décors à tendance victorienne, élégance des cabriolets et aéroplanes fonctionnant grâce à une sorte d'énergie bleue tournant dans un assemblage de cercles me rappelant la machine à voyager dans l'espace dans Contact avec Jodie Foster.
Mais ce n'est pas un film pour les (trop) jeunes enfants : les scènes de combat sont hyper réalistes et même s'il n'y a pas de sang, l'effroi est bien là.

Un beau moment de cinéma qu'il me tarde de faire suivre par la lecture de l'oeuvre de Pullman. Je ne parlerai pas des connotations religieuse, politique ou que sais-je encore, car lorsque je vais au cinéma, je suis "au spectacle" dans mon fauteuil, tout simplement. Je rêve encore.

03 janvier 2008

Le peintre de batailles - Arturo PÉREZ-REVERTE

El Pintor de batallas
Traduit de l'espagnol par François Maspero
Seuil
284 pages

Le sujet
Qui est le peintre des batailles ? Il s'agit de Faulques. Un nom comme un pseudo, un nom d'artiste, ancien reporter de guerre et d'ailleurs, pourvu que la mort y rôde, son ombre et ses traces.
Un jour, sa vie s'arrête, je veux dire sa vie d'avant. Il abandonne tout pour s'isoler et entreprendre de peindre en une fresque circulaire à même le mur d'une tour, la somme de toutes les images, photographies ou peintures qu'il a patiemment sélectionnées et qui représentent toutes des guerres, désordres, chaos naturels ou humains. Pourquoi cette sombre retraite ? C'est que Faulques vit désormais avec un souvenir, celui de la femme aimée qu'il a laissé mourir, Olvido.

"Obscure est maintenant la maison où tu demeures..." et ce souvenir le précipite vers une autre demeure, celle de la vérité. Un jour, un spectre débarque (si je puis dire). Ivo Markovic, un homme qu'il ne reconnait pas mais qu'il connait pour l'avoir rendu célèbre en le photographiant malgré lui. Un croate qui vient chercher vengeance. Car à la suite de sa photo distribuée, des gens, de simples gens, sont venus tuer sa femme et son fils dans d'atroces scènes. Il a tout perdu et veut retrouver l'homme qui fut l'instrument de son malheur pour le tuer. Le face à face renvoie deux hommes perdus comme deux fantômes d'un même côté : le côté de la désolation.

Au fil du récit, ponctué de souvenirs de guerre et d'amours, Faulques peint le mal, le véritable instinct naturel de l'homme, car le mal vient de nous. La nature ne sait rien de tout cela. Les éruptions, les catastrophes, cette logique du chaos échappe à l'homme mais pas le MAL, l'intrinsèque sauvagerie, l'épuration, la carnage, le viol d'humanités. Les enfants même ne sont pas épargnés : ils sont eux aussi dans le tableau, à la fois meurtris et futurs bourreaux. Le peintre des batailles achève sa fresque du bout des doigts, quant à Ivo, il finira par partir, laissant à la Mort, celle qui est de toutes les batailles, le soin de faire pour lui son oeuvre.

Le verbe
Je veux que tu m'aides à retrouver l'ombre de cette enfant, et ensuite, de retour à l'hôtel, que tu la recouses à mes talons avec du fil et une aiguille, afin qu'elle soit là, silencieuse et patiente, pendant que tu me feras l'amour, la fenêtre ouverte et le froid de la lagune dans ton dos où je planterai mes ongles jusqu'à ce que tu saignes et que j'oublie tout, toi, Venise, ce que j'ai été et ce qui m'attend. (p.120)
- Vous avez dû avoir, dit-elle soudain, une vie hors du commun.
Le peintre de batailles sourit de nouveau, cette fois pour lui même. Et voilà : la vision des Ivo Markovic et des Faulques, les rétines impressionnées de longue date, n'avaient aucune valeur pour un regard extérieur. C'était ainsi que ceux qui n'avaient jamais été dans cette fresque la verrait. Ou plutôt - rectifia-t-il en regardant les tours de béton et de verre à moitié peintes sur le mur -, ceux qui croyait à tort de na pas être dedans.
- Pas plus hors du commun que la vôtre ou celle de n'importe qui d'autre.
Elle médita sa réponse, surprise, hocha la tête. Elle semblait refuser une proposition intolérable.
- Je n'ai jamais vu ça.
- Que vous ne l'ayez pas vu ne veut pas dire que ça n'existe pas. (p.238, 239)
Mon complément
Avant tout, dire que APR est l'un de MES auteurs. Ce livre là est presqu'un achèvement : un testament. Car APR a été grand reporter et correspondant de guerre pendant 21 ans et livre dans ce roman son expérience et son sentiment sur ce qu'il faut montrer des horreurs de la guerre au "grand public". Ce livre est celui qui explique que le hasard est géométrique et jamais fortuit : aucune rayure, zébrure, fêlure, aucun tremblement de terre ou d'aile n'arrive par hasard, tout est le fruit d'un sombre calcul, sombre car inconnu, mais qui devient évident dès lors qu'on le distingue : dès que la conscience se pose, la droite avance, se courbe, se brise, détail infime de notre trajectoire infirme. Un livre aux passages parfois insoutenables toutefois, je devais le signaler.