31 mai 2018

[Roman] Glissement de temps sur Mars par Philip Kindred Dick (1964)


Résumé

Sur la planète Mars, les colons terriens qui ont quitté leur planète d'origine surpeuplée ont fini par s'adapter mais dépendent de la distribution mensuelle de l'eau et agrémentent leur quotidien de produits de leur modeste potager ou de ceux de contrebande. Jack Bohlen est très doué dans la réparation de toutes sortes de machines et sillonne Mars à bord de l'hélicoptère de sa compagnie. Un jour, Arnie Kott, un magnat du syndicat des plombiers lui demande de concevoir une machine afin de communiquer avec le jeune Manfred Steiner, un autiste de 10 ans dont il perçoit la capacité de pouvoir se déplacer dans l'avenir, ce qui pourrait lui permettre de réaliser des achats de terrains afin de s'enrichir (encore plus). Mais Jack Bohlen découvre qu'au contact de l'enfant, il est repris par d'épouvantables et puissantes visions qui lui font apparaître des humains comme des corps décharnés, vides, morts depuis longtemps avec lesquels il lui est impossible d'interagir : a-t-il encore replongé dans la schizophrénie ? ou est-il lui aussi capable de voir le futur ?

mon avis

Encore un livre dans ma PAL (pile à lire) dont je ne me souviens plus la provenance... J'ai bien aimé : le style est époustouflant, le milieu martien est décrit et très imagé mais compréhensif ; l'auteur y dévoile quelques thèmes sur la condition humaine :
- les relations aux autochtones : les bleeks, une peuplade pacifiste et nomade  qui survivent hasardeusement à l'écart des villes humaines (mais qui ne sont pas bêtes du tout !) ;
- la communication : avec la Terre, avec les enfants autistes, avec les Bleeks, avec les humanoïdes qui s'occupent de l'enseignements scolaire ;
- la drogue : elle permet d'oublier ses soucis et souffrance ;
- la robotisation : les enfants vont à l'école tenue par des machines androïdes ;
- la puissance des "hauts fonctionnaires" face aux indépendants ;
- la maladie, honteuse : les parents qui ont des enfants anormaux les placent dans un centre médical : le camp "BG" ; 
- l'envie : désirer plus et désirer ce qu'à "l'autre" ;
- la manipulation du temps afin de prévoir l'avenir et de s'enrichir ;
et la question fondamentale en suspend : "est-ce que cela rend plus heureux ?".

J'ai très envie de poursuivre avec cet auteur que je recommande ; j'avais lu il y a très longtemps "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? et j'avais moyennement aimé. Mais dans le roman, j'ai découvert un univers dense, intéressant, avec lequel je me reconnais des affinités ou qui parlent de sujets que je trouve encore très contemporain : la richesse et les Juifs, la manipulation du temps (toujours plus vite), la peur de l'enfermement sans pouvoir se mouvoir (vision de Manfred sur son déclin)....

Je me suis commandé pour ma kindle un autre titre ("le guérisseur de cathédrales") mais je ne vais pas le lire toute de suite, ayant envie de changer de style de lecture.
titre d'origine : Martian Time-Slip
286 pages
traduit de l'anglais américain par
Henry-Luc Planchat


Mais que pouvait-on faire pour une race en déclin ? Pour les indigènes de Mars, le temps s'était arrêté bien avant que n'apparaisse dans le ciel de la planète le premier vaisseau russe, dans les années soixante, avec ses caméras pivotantes. Aucun groupe d'humain n'avait volontairement contribué à leur extermination ; cela ne s'était pas montré nécessaire. Et de toute manière, ils avaient d'abord été l'objet d'une profonde curiosité. Leur découverte prouvait que les milliard dépensés pour l'exploration de Mars n'avaient pas été vainement dilapidés. (p.37)

9/10 

27 mai 2018

[Roman] les enchantements d'Ambremer par Pierre Pevel (2015)

Le Paris des Merveilles, I


Résumé

Louis Griffont, un mage du Cercle de Cyan, accepte de retirer un livre pour une ancienne connaissance dans la bibliothèque d'Ambremer, la ville qui existe dans l'OutreMonde où règnent les fées, dragons et autres créatures fantastiques. A partir de ce service anodin, les ennuis commencent et des gargouilles meurtrières sont à ses trousses. Il doit faire équipe avec sa femme Isabel de Saint Gil, une fée déchue qui vit dans le monde des hommes où elle exerce ses talents de cambrioleuse,dont il vit séparé d'un commun accord depuis une dizaine d'années.

mon avis

Je ne sais plus pourquoi j'ai acheté ce livre ni où (car il y a longtemps que je l'avais dans ma PAL ="pile à lire"), mais je ne le regrette pas car j'ai bien aimé le style littéraire et humoristique et l'histoire menée dans un univers fantastique que j'ai trouvé très inspirant et m'a rappelé les bonnes heures de mes lectures d'Harry Potter.

On y croise l'ombre d'Alexandre Dumas, Arsène Lupin, Gaston Leroux, Jules Verne et même le commissaire Valentin et ses subordonnés des brigades du Tigre (ambiance nostalgie de l'enfance garantie !) dans un Paris alternatif tout à fait vraisemblable, pour peu que l'on accepte de voir voler des gargouilles, ou surgir le Nautilus dans la Seine, ou encore déambuler des magiciens qui se divisent en 2 clans dont l'un veut rassembler le pouvoir mystique de mystérieux cristaux.

De nombreuses péripéties dans un monde habilement décrit font de ce roman un pur moment de détente et je n'ai pas résisté à l'envie de me commander la suite, en téléchargeant sur ma kindle "L'élixir d'oubli", le tome 2 de cette saga du "Paris des Merveilles", une uchronie très divertissante.

    Lorsque le train franchit la frontière entre les mondes, rien ne se produisit si ce n'est que l'éclat des globes lumineux passa du bleu au jaune. Griffont ressentit un léger picotement dans la nuque. Ils venaient d'entrer dans l'OutreMonde ; ils ne tarderaient pas à arriver à Ambremer, la capitale des fées. Sur Terre, celle-ci semblait se dresser au coeur de la forêt de Saint-Germain. Mais il ne s'agissait que de son reflet trompeur. On pouvait ainsi marcher vers elle pendant des heures, sans jamais l'atteindre ni la perdre de vue - imaginez un tableau figurant une tour à l'arrière-plan ; colleriez-vous votre nez sur la toile, que la tour serait toujours aussi loin dans son paysage. (p.48)

    9/10

    [Feuilleton] My Husband Oh Jak-Doo (2018) (Corée du Sud)


    Résumé

    Seung Ju est productrice et a bien réussi sa vie mais, alors qu'elle approche la trentaine, elle se rend compte que son statut de célibataire ne lui facilite pas la vie au quotidien en l'empêche de disposer de promotions avantageuses. Un jour, elle retrouve la touriste canadienne qu'elle hébergeait morte dans sa maison et comprend que quelqu'un désire sa mort. Dans le même temps, on lui propose de filmer un reportage sur un certain Oh Hyeok, un mystérieux fabriquant de Geomungo "à l'ancienne" mais celui-ci vit retiré dans la campagne.
    Seung Ju décide de se rendre dans le village où se situe le terrain dont elle a hérité à la mort de sa tante ; elle découvre qu'un homme habite sur sa parcelle. Après l'avoir menacé d'expulsion, elle lui propose un marché : elle le laissera jouir du bois et des cultures en échange de devenir son époux ce qui lui assurera une certaine reconnaissance sociale. A la grande surprise de leur entourage respectif, la citadine Seug Ju épouse le paysan rustre Oh Jak Du, lesquels ne tardent pas à tomber amoureux, de leur différences mais aussi de leur sensibilité..

    mon avis

    Ce drama a bien commencé malgré certaines situations exagérées comme "l'homme retiré dans la forêt depuis 15 ans qui vit entouré d'ajumma qui n'arrêtent pas de l'épier et de le surveiller ! Les scénaristes ne l'ont pas raté en lui donnant un air abruti ce qu'il n'est absolument pas (et on le verra dans le déroulement de l'histoire).
    Ce qui m'a plu surtout c'est que l'on parle d'un instrument traditionnel : le Geomungo (거문고), une sorte de cithare.

    La romance tient la route, les acteurs sont très attachants et romantiques à souhait. Malgré quelques longueurs de scénario (la série aurait largement pu être bouclé en 16 épisodes d'une heure ce qui est habituellement la norme des feuilletons que je regarde), la série est agréable à regarder et surtout bourrée d'humour. L'histoire devient plus intéressante au 12ème épisode lorsque le secret de Jak Doo est révélé.

    Bémol sur l'évolution de la relation amoureuse entre les acteurs principaux vraiment trop gnangnan et pas du tout réaliste pour un couple qui finit par s'aimer vraiment ; U-IE était bien plus touchante dans le drama "Marriage Contract" ici je l'ai trouvée souvent à "côté de la plaque", j'ai en revanche découvert l'acteur Kim Kang Woo, très bon acteur qui passe de "l'homme des bois" un peu bête en séduisant créateur de Geomungo, en digne héritier de son grand-père.

    Une série sur la condition des femmes en Corée, l'importance du statut social, mais aussi sur la transmission culturelle.

    • 데릴남편 오작두
    • un feuilleton réalisé par de Baek Ho Min
    • 24 épisodes d'1h vus en coréen
    • avec U-IE (Seung Ju) et Kim Kang Woo (Oh Jak Du & Oh Hyeok)

    7/10

    [Série] Bron - Saison 4 - 2018 (Suède)


    Résumé

    Une femme politique œuvrant contre l’immigration est enlevée et retrouvée lapidée sous le pont de l'Øresund (*) et Henrik le policier danois doit faire équipe avec Jonas le policier suédois puisque Saga est toujours emprisonnée dans l'attente de son procès pour le meurtre de sa mère (cf fn de la saison 3). Elle attend d'être innocentée (sa mère s'est donnée elle-même la mort en laissant des preuves pour faire accuser Saga : quelle horrible femme !).
    Bientôt d'autres meurtres se succèdent, tous mis en scène d'une manière particulièrement terrible qui laissent à penser que les coupables sont des activistes contre la peine de mort qui cherchent à attirer l'opinion publique contre la politique du gouvernement.

    Øresund (*) : le pont qui relie Copenhague (Danemark) et Malmö (Suède).

    mon avis

    J'ai toujours apprécié les enquêtes de Saga, d'une part parce que j'aime les séries suédoises que je regarde en VO et d'autre part parce que j'aime les séries policières. Cette dernière saison évoque toujours des thèmes très actuels et polémiques : l'expulsion, mais aborde également la souffrance du père qui cherche encore ses enfants (la femme d'Henrik est morte et ses filles ont été enlevées, il croit encore à leur survie quelque part et n'arrête pas de les voir en fantôme), la souffrance de Saga qui a été maltraitée par sa mère et son sentiment de culpabilité après le suicide de sa jeune soeur.
    [révélation]Le thème nouveau ici est la vengeance orchestrée après la mise à mort d'un indicateur de la police par les malfaiteurs qu'il avait infiltrés.[fin de la révélation].

    La saison 4 apporte à Henrik la vérité sur le sort de ses filles, et sur sa capacité à entrevoir la possibilité de refaire sa vie avec Saga...et met en perspective le destin de deux couples de soeurs : Saga et sa soeur, et les filles de Henrik. Émotions garanties !


    • Bron / Broen
    • une série de 8 épisodes vu en suédois (sous-titré en anglais)
    • Créateur : Hans Rosenfeldt
    • acteurs : Sofia Helin (Saga), Thure Lindhardt (Henrik)

    8/10

    Série Bron saison 4
    lire aussi mes critiques des saisons antérieures :
    Bron / Broen saison 1 (2011)
    Bron / Broen saison 3 (2015)

    26 mai 2018

    [Roman] - Péchés capitaux de Jim Harrison (2015)

    Otto Dix "Les sept péchés capitaux"

    Résumé

    Sunderson, un inspecteur de police à la retraite pense couler des jours heureux en pratiquant la pêche, son activité favorite, mais déchante vite lorsqu'il découvre que son voisinage est une famille de dégénérés, les Ames, des buveurs invétérés qui tabassent leurs épouses et violent leurs propres filles. Tandis qu'il entreprend d'écrire sur le 8ème péché capital, à savoir le meurtre, Sunderson mène l'enquête sur les morts successives de son nouveau voisinage et devient l'amant de la jeune Monica âgée de 19 ans (alors qu'il en a 66) et le confident du moins taré de la famille Ames qui lui faire lire des chapitres de son roman policier qui ressemblent étrangement à des confessions. Sunderson transmet ses observations et intuitions au policier chargé des enquêtes car les hommes de la famille Ames pourraient bien être les victimes d'un serial killer.

    Mon avis

    Ce roman est en quelque sorte la suite de Grand maître et reprend le même personnage principal : Sunderson, un policier buveur et obsédé sexuel (ce qui n'est pas mon  personnage préféré de toux ceux imaginés par l'auteur), ainsi que Diane, son ex-épouse (qu'il aime toujours) et Mona, leur fille adoptive avec qui il a eu une brève aventure (oui !).

    Le roman se lit comme du "petit lait" malgré quelques redondances qui, à mon avis, sont pure étourderie. Le style est toujours ample : quand on lit du Harrison on a envie de se jeter soit sur un carnet - pour écrire - soit sur un bon petit plat -  pas de ceux qu'il ingurgite en revanche ! Je reste très critique sur le trop grand nombre de scènes "zizi-pan-pan" : il y en a dans pratiquement toutes les pages et elles sont glauques (vieil homme avec une jeunette), je suis déçue car elles donnent l'impression que l'auteur est autant obsédé que son personnage et ce n'est pas l'impression que je veux garder de Jim.

    Heureusement il y a les digressions habituelles sur la nature, les animaux (oiseaux en occurrence) et ce style inimitable qui donne envie de tourner la page.

    L'autre jour, dans le Detroit Free Press, il avait lu que les trous noirs tournaient à la vitesse de dix mille kilomètres à l'heure, ce qui serait pour l'âme errante un voyage extrêmement rapide. Il s'était souvent inquiété de savoir s'il reverrait Diane après sa mort. Bien sûr il en avait envie, mais peut-être qu'après la mort nous nous désintéressons de notre vie sur terre. (p.163)



    La fin arrive sans à coup, lumineuse, pleine d'espérances, comme la suite logique d'un roman plutôt noir sur les mœurs de certaines contrées héritières d'un passé sanglant qu'elles doivent à présent rembourser.



    The big seven
    année de sortie 2015
    lu en broché Flammarion
    344 pages



     et retrouvez toutes les critiques de mes lectures de Jim Harisson sur le site que je lui consacre : https://naturewritingbyjimharrison.blogspot.com/

    23 mai 2018

    [Feuilleton] Something in the rain - 2018 (Corée du Sud)

    aka "Pretty Noona Who Buys Me Food"


    Résumé

    Jin Ah, une jeune femme de 35 ans retrouve Jun Hee, le petit frère de sa meilleure amie, lorsque celui-ci revient d'Amérique où il vient de passer les trois dernières années. Jin Ah découvre peu à peu qu'il est amoureux d'elle, mais il est  aussi plus jeune (7 ans de moins j'ai calculé) et il a toujours été considéré par sa famille comme un frère. Lors d'une sortie en groupe au restaurant, elle lui fait comprendre qu'elle l'aime aussi ; depuis lors, les deux amoureux vivent leur amour en secret mais finissent par l’annoncer peu à peu à leur entourage.


    Mon avis

    Voici un magnifique feuilleton coréen, très bien réalisé, très réaliste (pas de fantastique, d'être surnaturel), à part de tout ce que j'ai vu jusqu'alors : une histoire d'amour très sincère qui met en évidence le poids de la société coréenne "bien pensante", et qui décrit le harcèlement : 
    - dans le monde de la famille (la mère qui n'arrête pas de dire à sa fille qu'il est temps pour elle de se marier et qui l'oblige à aller à des "blind date")
    - dans le monde du travail (sexiste) où les femmes sont là pour servir les hommes (comme lors de ses repas de travail où les hommes de la compagnie se font servir les boissons ou les plats par les dames considérées comme des "bonnes").

    L’héroïne succombe au charme de celui qu'elle considérait jusqu’alors comme un gamin mais celui-ci a grandit et est devenu un homme charmant, qui plus est, très amoureux et prévenant. Elle doit combattre les a priori, surtout l'idée fixe de sa mère qui veut la marier au dessus de sa condition, et doit également faire face au harcèlement dont elle est victime au travail depuis une dizaine d'années.

    J'ai bien aimé ce feuilleton et le recommande, tout en regrettant une certaine lenteur (et quelques répétitions) et également une fin tout de même mi figue mi raisin...
    Révélations entre crochets [car honnêtement je ne comprends pas pourquoi ils finissent par se séparer lorsqu'il retourne en Amérique, au moins un an, car une amie à le temps de se marier et d'avoir un bébé + le frère de Jin Ah qui se marie alors qu'on n'a jamais vu de fiancée dans toute la série, ce qui fait revenir Jun Hee d'Amérique qui assiste au mariage de son copain d'enfance et retrouve celle qu'il l'aime fiancée à un autre. Les 2 amoureux finissent par se retrouver... pour le meilleur car l'histoire se termine bien !!! ].

    • 밥 잘 사주는 예쁜 누나
    • un feuilleton de 16 épisodes (entre 1h et 1h30 selon)
    • vus en coréen
    • réalisateur : An Pan Seok
    • acteurs : 
      • Son Ye Jin (Jin Ah)
      • Jeong Hae In (Jun Hee)
      • Oh Man-Seok (le père de Jin Ah) très bien
      • Jang So-Yeon (l'amie de Jin Ah et grande soeur de Jun Hee)
      • Wi Ha-Joon (le frère de Jin Ah et l'ami de Jun Hee)

    9/10

    06 mai 2018

    [Roman] Meurtres à l'anglaise par Frédéric Lenormand (2016)


    Résumé

    1726. Voltaire quitte la Bastille et la France pour s'installer en Angleterre, le temps de se faire oublier et de publier son prochain roman. Sans le sou, Voltaire accepte de prêter main forte à un enquêteur amnésique sur la piste d'un criminel dont les méfaits sont signés d'une plume blanche.

    mon avis

    Sous couvert d'une enquête qui n'est pas des plus vraisemblables (dénouement un peu "tiré par les cheveux") j'ai vraiment fort apprécié cette lecture qui démontre par la comédie les différences de mœurs entre les sociétés anglaises et françaises et qui distille tout au long du roman les réflexions du philosophe toujours pertinentes et parfois amusantes car révélant des faits à venir que nous connaissons :


    C’est très simple ! affirma Voltaire. Je vous résume : les pommes tombent, la science explique tout, et le féodalisme s’en voit renversé en même temps que l’obscurantisme ! Il ne restait plus aux philosophes qu’à bien faire entrer cette idée dans la tête des gens. Il se hâta de retourner à la White Peruke écrire tout ça pour le bénéfice de ses lecteurs. Grâce à lui, la pomme de Newton allait devenir aussi célèbre que celles d’Adam et de Guillaume Tell ! – Mangez des pommes ! répétait-il sur le chemin de l’auberge en ricanant tout seul, si bien qu’on le prit pour un fou avec un accent bizarre.


    Un très bon moment de lecture sur ma liseuse Kindle.
      La première scène était entre un maquereau et une maquerelle qui reprochaient à leur fille de s’être laissé épouser au lieu de coucher pour de l’argent. Si Voltaire avait eu un instrument dans lequel souffler chaque fois qu’un passage pouvait justifier l’interdiction du spectacle et l’incarcération dans un donjon de l’auteur, du compositeur et du directeur, il aurait passé la soirée à jouer de la trompette.

      Frédéric Lenormand. Meurtre à l'anglaise : Une enquête de Voltaire à Londres

      [Journal] Relations de voyages autour du monde par James COOK (1893, 1777, 1784)

      réédition d'un billet de 2013 paru dans mon blog lecture en contrepoint


      Angleterre, 1768. A bord de l'Endeavour (Entreprise en français) James Cook s'apprête à faire le "tour du monde" avec pour but principal l'observation du transit de Vénus à Tahiti (1769) et pour but secondaire la découverte d'un grand continent austral entre la Nouvelle-Hollande (Australie) et l'Amérique du sud selon la théorie d'un autre navigateur : Darymple. Revenu de ce premier voyage en 1771, il repart en 1772 pour poursuivre sa quête de découverte des côtes du Pacifique et en dessiner les cartes, car Cook était certes un marin mais aussi un cartographe très doué. Il avait cette fois demandé et obtenu deux navires pour assurer l'expédition : le Resolution qu'il commandait et l'Adventure que commandait Tobias Furneaux ; fin de ce voyage en 1775. Enfin, il entame son 3ème et dernier voyage en 1776, avec le Resolution dont il prend le commandement et le Discovery qui sera pour Charles Clerke (qui était son second au 2ème voyage) toujours pour achever son exploration de l'hémisphère Sud avec également la tâche de remonter jusqu'en Amérique du Nord et Sibérie pour trouver un passage. C'est en "redescendant" vers l'équateur que James Cook trouve la mort lors d'une étape aux îles Sandwich (Hawaï) en 1779, il avait 50 ans.

      Ce que j'ai dit des naturels de la Nouvelle-Hollande(*) pourrait faire croire que ce peuple est le plus misérable qui existe ; mais en réalité ils sont beaucoup plus heureux que nous Européens, étant totalement ignorants non seulement du superflu, mais aussi des commodités nécessaires tellement recherchées en Europe. Il est heureux pour eux de ne pas en connaître l'usage. Ils vivent dans une tranquillité que ne trouble pas l'inégalité des conditions. De leur propre aveu, la terre et la mer leur fournissent toutes les choses nécessaires à la vie. (p.126)
      (*) = Australie

      "Mesurer le monde". C'était la volonté de Cook et nous, lecteurs, pouvons mesurer la passion entreprise par cet homme mû par une volonté certainement hors du commun.

      Mais pour moi, quitter l'océan Pacifique méridional à ce moment, alors que j'avais un bon navire envoyé expressément en quête de découvertes à faire, un équipage en bonne santé, et ne manquant ni de réserves ni de vivres, c'eût été trahir un défaut non seulement de persévérance, mais de jugement, car c'était supposer que le Pacifique méridional avait été si bien exploré qu'il n'y restait plus rien à découvrir. Telle n'était d'ailleurs pas mon opinion, car, bien que j'eusse prouvé qu'il n'y avait pas de continent situé très loin au sud, il restait cependant de la place pour de très grandes îles dans ces régions entièrement inconnues. En outre, beaucoup de celles qui étaient déjà découvertes étaient imparfaitement explorées et leurs situations imparfaitement connues. Je pensais d'ailleurs qu'en restant dans ces mers plus longtemps je pourrais faire faire des progrès à la navigation et à la géographie, ainsi qu'à d'autres sciences. (p.223) (Cook parcourt à ce moment l'océan à l'ouest de l'Amérique du Sud et parvient à l'île de Pâques -déjà visitée par les Espagnols- et fait une description des fameuses statues géantes, les Moaï).

      Il a su imposer son type d'embarcation : un charbonnier, d'après lui, le seul navire capable d'affronter les mers tout en permettant de transporter le nécessaire à la survie de l'équipage. Plus que la réussite de ses missions, j'ai été époustouflée par la constante nécessité que Cook avait de devoir rédiger un rapport sur les faits et observations et en aucun cas sur des suppositions ; il souhaitait que ses relevés soient utiles aux navigateurs qui feraient les voyages après lui, tant au point de vue des cartes marines élaborées aussi exactement que possible, que la désignation des ressources disponibles sur les terres abordables ou encore l'avertissement des dangers (barrière de Corail à l'est de l'Australie où il failli sombrer, ou encore hostilités de certains indigènes). L'humour n'est pas exempt de ses journaux.

      De toutes les graines apportées par les Européens, la seule qui eût réussi était celle de la citrouille ; mais les naturels n'aiment pas ce fruit ce dont on ne saurait s'étonner. (p.203)

      A la fin de chaque étape, James Cook écrit ce qu'il en est des coutumes des naturels qu'il vient de croiser, c'est vraiment très instructif sur les différents peuples qui occupent les terres à cette époque. Nous apprenons par exemple que les naturels de Tahiti sont les mêmes que ceux qui vivent en Nouvelle-Zélande, ils parlaient la même langue à quelques variations près, que connaissait d'ailleurs le marin John Gore, un américain qui fit précédemment le voyage avec Wallis en 1767 sur le Dolphin, et également Toupia, un Tahitien que Cook emmène avec lui, tous deux parlent avec les Maoris. En revanche, peuple différent en Nouvelle-Hollande (Australie) : les aborigènes ne parlent pas le "polynésien". Un autre encore aux Nouvelles-Hébrides (devenu Vanuatu en 1980), et un peuple qui semble mélangé en Nouvelle-Calédonie (où je réside actuellement) ces derniers étant par ailleurs les plus pacifiques et les moins voleurs.

      Ils sont forts, robustes, actifs et bien bâtis, courtois et bienveillants ; ils n'ont aucune tendance à voler, ce qui est plus qu'on ne peut dire d'aucun peuple de ces mers. Ils sont à peu près de la même couleur que les naturels de Tanna, mais ils ont des traits plus réguliers et une tournure plus gracieuse, et la race à laquelle ils appartiennent est plus robuste. [...]
      Si j'avais à donner mon opinion sur l'origine de ce peuple, je le considèrerais comme une race intermédiaire entre les habitants de Tanna et ceux des îles de l'Amitié, ou encore entre ceux de Tanna et les Néo-Zélandais ; ou encore un mélange des trois, car leur langue est à certains égards un mélange des trois autres. Leur caractère ressemble à celui des habitants des îles de l'Amitié, mais ils les surpassent en aménité et en probité. (p.273)

      Humble vis à vis de son travail d'écrivain...

      Et maintenant il est peut-être utile de dire que, comme je suis sur le point de partir pour une troisième expédition, je laisse cette relation de mon précédent voyage entre les mains d'amis qui ont eu la bonté d'accepter la charge d'en corriger les épreuves en mon absence ; ils se plaisent à penser qu'il vaut mieux donner cette narration dans les termes qui sont les miens plutôt que dans ceux de quelqu'un d'autre, car c'est un ouvrage destiné à renseigner et pas seulement à amuser, et dans lequel à leur avis la fidélité et l'absence de détours compenseront le défaut d'ornements.
      Je conclus donc cette introduction en priant le lecteur d'excuser l'incorrection du style, qu'il aura sans nul doute de fréquentes occasions de remarquer dans la narration qui suit, et de rappeler que cet ouvrage est celui d'un homme qui n'a que très peu bénéficié d'un enseignement scolaire, qui dès sa jeunesse a vécu en mer, et qui, bien que mousse dans le trafic maritime du charbon, il soit parvenu avec l'aide de quelques bons amis au poste de capitaine de la marine royale, après avoir passé par toutes les étapes du métier de marin, n'a eu aucune occasion de cultiver les lettres. Après cette description que je fais de moi-même, le public ne doit pas s'attendre aux élégances d'un écrivain exercé, ni à la correction d'un auteur professionnel ; mais voudra bien, je l'espère, me regarder comme un homme simple qui se consacre avec zèle au service de son pays, et qui cherche à raconter ses faits et gestes le mieux qu'il lui sera possible. (p.153 - j'ajoute que cet extrait me touche beaucoup).

      ... James Cook se focalisait sur une exploration méthodique et systématique tout en réduisant les risques dus aux rigueurs du climat ou aux dangers des côtes inconnues sur lesquelles il ne fallait surtout pas s'échouer. Les collections de toutes natures rapportées par Cook au cours de ses voyages, aujourd'hui dispersées dans le monde entier bien que globalement présentes dans les musées d'Australie, d'Angleterre, d'Allemagne ou de Suisse (très peu en collection privée), sont une référence pour qui s'intéresse à l'histoire des sociétés océaniennes.


      "Relations de voyages autour du monde" est un livre tout à fait accessible, malgré quelques termes de marine, et qui m'a littéralement "transportée" au point que j'ai écourté certaines de mes nuits pour avancer dans les voyages.

      Passionnant.



      Premier voyage : journal authentique de J.Cook, imprimé en 1893
      Deuxième et troisième voyages : à partir des in-quarto officiels de 1777 et 1784
      450 pages
      édition française 1980 aux éditions La découverte /Poche

      traduction de l'anglais par Gabrielle RIVES
      illustration d'entrée de billet : "Resolution and Adventure" par William Hodges (1776)



      05 mai 2018

      [Série] Homeland saison 7 - 2018 (USA)


      Résumé

      Carrie et sa fille Frannie sont installées chez Maggie (la soeur de Carrie) à Washington. Elizabeth Keane a été élue mais l'attentat dont elle a été victime entraîne une vague d'arrestation dont Saul, qui finit par être libéré et réintégré. Carrie découvre que l'Amérique est attaquée par des espions russes infiltrés au plus prêt du cabinet de la présidente et au sein du FBI. Elle ne doit compter que sur elle-même et ses plus proches comparses pour déjouer le complot international mais elle doit également se mettre en danger en ne prenant plus sa médication (elle est bipolaire) pour être efficace "sur le terrain" de l'espionnage.

      mon avis

      Vous le savez, dès le début je suis fan de Homeland et de la force de caractère de l'héroïne Carrie Mathison. Comme toujours, jeu impeccable de Claire Danes même si je n'ai pas trop aimé cette saison 8 qui donne le postulat d'espions russes qui manigancent tout un système de corruption pour démonter la démocratie américaine : je n'ai pas trouvé l'histoire intéressante.

      Débauche de beaux endroits mais manque de coeur et d'amour : Peter Quinn joué par Rupert Friend me manque !

      J'espère que la saison 8, qui achèvera cette série, sera à la hauteur et plutôt positive (je déteste les histoires qui finissent mal).

      Vous aimerez peut-être lire mes revues d'autres saisons (je n'ai pas tout résumé) :

      Homeland (2011) ♥♥♥
      Homeland saison 5 (2015) ♥♥♥
      Homeland saison 6 (2016) ♥♥♥


      • 12 épisodes de 45 mn vus en VO (anglais)
      • acteurs : Claire Danes (Carrie), Elizabeth Marvel (Présidente Elizabeth Keane), Linus Roache (David Wellington son "bras droit"), Maury Sterling (Max, l'ingénieur en télécommunications), Morgan Spector (Dante Allen, agent du FBI et ami de Carrie), Mandy Patinkin (Saul Berenson, CIA)

      7/10