PLASTIC AGE

Dans une maison inconnue. Des discussions qui ne m'intéressent pas. Je m'éclipse dans la cuisine où j'espère trouver le calme et boire en silence. La cuisine est étrange. Les meubles en pin que je devine sont recouverts d'un plastique transparent identique à celui que l'on enroule autour des éléments fragiles dans les colis. J'étudie le système de fermeture du buffet dont la porte est entièrement enrobée de plastique, lorsque je la referme elle ne fait aucun bruit grâce à l'épaisseur de l'enveloppe. Je me demande pourquoi mes hôtes ont recouvert leurs meubles de cette façon, je me dis que cela a dû leur prendre un temps fou, que le résultat n'est pas très esthétique. Je me demande si mes hôtes ont voulu faire "de l'art" ; l'art est une chose si subjective. La maîtresse de maison arrive, prend un plateau et repart, je remarque alors que pour entrer et sortir de la cuisine il faut se glisser dans un tout petit espace étroit, large comme une silhouette humaine de taille moyenne. Pour passer avec le plateau, elle est obligée de se mettre de côté car sinon, le plateau se renverserait. Je me dis que cette cuisine n'est ni pratique d'accès, ni agréable à vivre. Sur le plan de travail "comptoir", traîne une capsule. Le maître de maison arrive à son tour. Il me demande si tout va bien. Je reconnais un ancien collègue de travail que je n'aime pas tellement car je crois qu'il me méprise. J'acquiesce. Il part en se glissant lui aussi de travers pour passer dans le boyau qui sert de couloir. Je suis soulagée de le voir partir. Je prends la capsule pour la déposer dans la poubelle. Celle-ci, comme le reste, est enveloppée de plastique à bulles, y compris la pédale et le couvercle que j'actionne. Enfoncé dans la poubelle minuscule (comme celles que l'on trouve dans les salles de bain) il y a un paquet de riz entier, ouvert et sur les grains du dessus grouillent des centaines d'insectes. Je jette la capsule sur le paquet, relâche le couvercle et sort de la cuisine sans m'attarder.

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