[JIACO] Le clavier invisible

 


C'était le dernier jour et cette fois encore je n'avais pas foulé la plage, ni en mai dernier, ni en juillet ; le temps est passé où j'avais besoin de dormir au son des vagues, tentant sérieusement d'oublier les cris des enfants et le bruit des jeux de balle, activité assez acrobatique sur une petite plage de crique. A présent, mon corps réclame le secret, enveloppé d'une robe fleurie et pour seul vestige de ma jeunesse, des cheveux portés longs que je ne peux plus couper, même s'il venait à faire aussi chaud qu'à Nouméa, où j'attendais la pluie comme les wallisiens, dansant comme eux aux premières gouttes autour de la maison. Ce dernier matin avant le retour, j'avais préféré me rendre au port depuis la Birochère, promenade tranquille dans les rues quasi désertes. C'est fou ce qu'on imagine tout en marchant, comme si les pas avaient fonction de touches sur un clavier invisible, m'encourageant à reprendre mes petites chroniques comme il y a 20 ans, à une époque où les écrits avaient plus de valeur qu'une image publiée en une seconde dans l'attente d'une multitude de cœurs pour la plupart inconnus. L'écriture c'est un peu comme un entrainement sportif (comme la lecture) : plus tu pratiques, plus la tâche est aisée, agréable, satisfaisante. J'en ai assez d'écrire dans ma tête des débuts de texte qui sonnent tellement beaux que j'ai l'impression de copier sur mes écrivains favoris. Je veux retrouver le véritable plaisir de la musique des mots lorsqu'ils frappent le clavier bien tempéré. A suivre.

Commentaires

Articles les plus consultés