[JOURNAL] Le chataignier


Ma petite soeur et moi arrivions à l'école par la porte des "chères sœurs" qui donne sur la rue Saint-Dizier. Nos pas sur le carrelage du XVIIIè siècle se pressaient car je croyais en ce temps-là aux fantômes et les murmures du vent dans les portes fenêtres du patio renforçaient mes craintes. Nous avions appris par coeur l'itinéraire pour rejoindre la cour des primaires et cinquante ans après je me souviens encore du grincement du bouton de la porte qui donnait sur l'extérieur. Les hivers de Lorraine étaient froids et nous restions parfois un peu à l'abri dans le couloir avant de sortir car nous étions pressées d'atteindre le châtaignier qui trônait dans la cour. Nous avions une grande imagination et le châtaignier représentait alors bien plus qu'un arbre bicentenaire : un ami immobile. Toujours là, rassurant. Lorsque la cloche sonnait, il fallait bien le partager. Les autres enfants avaient le même attrait et il était surtout le point de départ des 1-2-3 soleil qui martelaient le temps des récréations. Bien des années après j'ai souvent rêvé de cet endroit et le châtaignier était toujours là. L'école n'est plus la même que celle que j'ai connu. J'ignore si le châtaignier a été conservé. J'ai tellement envie d'y croire.


 
illustration : Peter De Wint "Chesnut tree"

Commentaires

  1. Bel hommage à ton ami ! Dans mon école, c'était un tilleul ! Il embaumait la cour au mois de juin ! Chaque année, j'adore sentir ce parfum au début de l'été.

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    1. à présent il y a des tilleuls dans mon environnement (le long d'une départementale) et je confirme que leur parfum fait du bien !

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